JOUR 3 A JOUR 5 : Mercredi 15 au Vendredi 17 Novembre 2017 - L'ILE DE CHILOE

Longue de 200 km et large de 50 km, Chiloé a toujours occupé

une place à part au Chili, par son isolement et sa spécificité géographique, historique et culturelle. Découverte seulement en 1553 par les conquistadores espagnols, elle fut rapidement colonisée par les jésuites. Après la révolte mapucheen 1598 sur le continent, Chiloé connut une longue période d'isolement. Bastion important de la résistance royaliste pendant la guerre d'Indépendance, les Chilotes furent les derniers à accepter la rupture avec l'Espagne.

De cette histoire tumultueuse est née une population atypique aux fortes traditions, qui compte aujourd'hui 180 000 personnes. Les légendes semblent appartenir au quotidien avec une évidence toute naturelle. 

Par sa condition insulaire, Chiloé a su aussi conserver les vestiges de son passé et faire perdurer les traditions : à l'origine, on comptait par moins de 200 églises jésuites et de nombreuses chapelles, qui faisaient la fierté de l'île ( la plus ancienne, celle d'Achao, date de 1730). Des 150 églises encore debout aujourd'hui, 16 d'entre elles sont inscrites au Patrimoine Mondial de l'Unesco et 9 d'entre elles sont déclarées Monument National.

La pluie aussi fait partie de l'histoire de Chiloé. Le temps y joue au yo-yo en permanence, alternant trombes d'eau et soleil radieux. Donc, le parapluie y est nettement plus utile que le maillot de bain! Il est résulte des paysages rappelant un peu la Bretagne ou l'Irlande et des lumières photogéniques extraordinaires. 

La pêche, le ramassage des algues destinées au Japon, la culture céréalière, celle des pommes et de la pomme de terre (originaire de l'île) et enfin l'exploitation du bois sont les ressources essentielles de l'île. 

Bien que les distances ne soient pas énormes, les déplacements prennent en général plus de temps qu'on ne l'imagine, compte-tenu de l'état de certaines routes... On a donc tout le loisir d'admirer les beaux paysages, les nombreuses églises parfois vieilles de plus de 200 ans, les petits cimetières de campagne et les maisons en bois multicolores qui se détachent du ciel tourmenté.

JOUR 3 ==> PUERTO MONTT - CASTRO

Nous quittons Puerto Montt en direction de Castro sur l'ile de Chiloé en bus privé. En chemin, nous découvrons les élévages de poissons, notamment de saumons qui sont la deuxième richesse du pays après l'extraction du minerai de cuivre .

Tout est automatisé en fonction de la température de l'eau, du mouvement des marées et de l'oxygénation de l'eau, les poissons sont nourris par granulés envoyés dans des tuyaux sous pression, ainsi que des antibiotiques pour éviter les maladies.

Du coup, pas étonnant que le corps humain soit de plus en plus résistant aux antibiotiques lorsque nous en avons besoin car nous en ingurgitons une quantité phénoménale tout au long de notre vie, avec tous les produits de la consommation courante tel que le poisson, la viande, etc....

L'ile fait penser aux paysages de Bretagne, d'Irlande ou d'Ecosse avec ses genêts, ses criques et sa côte découpée, mais également avec son petit crachin (oui, je sais, il fait beau aussi en Bretagne mais les bottes et le ciré y sont également de rigueur comme ici....).

Nous arrivons à Ancud, ville a la position stratégique sur la route du cap Horn qui lui valut l'intérêt le plus vif des Espagnols qui s'empressèrent d'y construire, vers 1770, des fortifications massives  encore visibles aujourd'hui, comme le fort San Antonio.

Mais Ancud fut aussi une étape pour les baleiniers, les cargos de passage assurant le trafic commercial dans cette région du globe, et quelques pirates... De nos jours, elle apparait bien tranquillement installée dans sa jolie baie. Dans les rues s'alignent des maisons multicolores recouvertes de tuiles en bois d'alerce rappelant des écailles de poisson.

Avant le déjeuner pour goûter la spécialité culinaire de l'ile, nous assistons au ramassage d'algues qui sont exportées au Japon.

La cuisine de Chiloé est évidemment riche en produits de la mer. La grande spécialité culianire est le curanto, un drôle de mélange de pommes de terre, de porc de poulet, de saucisses fumées, de gros coquillages et d'énormes moules qui cuisent sur des braises dans un trou fait dans la terre et recouvert de feuilles énormes d'une plante qui pousse partout sur l'île et qui ressemble à des feuilles de rhubarbe dont le dessous est piquant et qui possède une jolie fleur en forme de hampe.

Les ingrédients comprennent des fruits de mer, de la viande, des  pommes de terre, du pain de pommes de terre, des chapaleles (spécialité locale faite d'un mélange de farines de pommes de terre et de blé) et des légumes (avec parfois aussi des espèces spécifiques de poissons).

Les quantités ne sont pas fixées, l'idée étant qu'il devrait y avoir un peu de tout. Chaque couche d'ingrédients est couverte de feuilles de nalca (rhubarbe chilienne) ou, en leur absence, de feuilles de figuier ou de chou blanc. Le tout est recouvert de mottes de terre et de sacs humidifiés, créant une sorte d ' autocuiseur géant dans lequel la cuisson dure à peu près une heure.

Nous arrivons à Castro, capitale de l'île, installée dans une jolie crique protégée, qui réunit des styles d'architecture différents, dont celui des palafitos, maisons de pêcheurs sur pilotis. Le port animé, le marché artisanal, l'étonnante cathédrale jaunes et les rues bordes de maisons colorées composent un agréable cocktail.

La cathédrale San Francisco construite en 1910 par un architecte italien, ce monument jaune et mauve étonne par ses dimensions, plus importantes que celles des autres églises de l'île. Elle devait être bâtie en béton, mais finalement on opta pour le bois, bien que tous les édifices qui l'ont précédée à cet endroit soient partis en fumée. L'intérieur est d'une sobriété magnifique, tout en bois merveilleusement travaillé.

Les palafitos, maisons de pêcheurs teintes de multiples couleurs, à marée basse.

Les palafitos, à marée haute sur le rio Gamboa.

JOUR 4 ==> LA ROUTE DES EGLISES DE L'ILE DE CHILOE

L'église de Santa Maria de Loreto à Achoa, est sobre et possède un joli intérieur bleu, en bois naturellement.

L'église de Quinchao.

L'église de Dalcahue en bois de pin d'alerce.

Dalcahue est un joli village côtier situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Castro. Son nom vient des longues chaloupes effilées à voile de laine, les dalcas, que fabriquaient les Indiens. 

Le village de Tenaun, paisible au bord de l'eau, cache une belle petite église classée au Patrimoine de l'Unesco.

N'oublions pas que nous sommes à la fin du printemps austral, et donc il y a des magnifiques fleurs partout. Ici des rhododendrons.

Pour terminer la journée et nous dégourdir les jambes, nous faisons une petite balade sur l'ile d'Aucar. On y accède par un joli pont de bois, petit paradis des oiseaux et de la tranquilité.

Les charognards dégustent un cadavre de chien.

D'élégants couples de cygnes à tête noire éduquent leurs petits.

JOUR 5 ==> BALADE DANS LE PARC NATIONAL DE L'ILE DE CHILOE

Le parc national de Chiloé, situé dans la région des lacs se trouve sur la cordillère de la côte de l'île. Il a été crée en 1982. Les sommets les plus hauts sont de 850m. Il a une superficie de 42.567 hectares. Le climat est humide et tempéré. Les précipitations annuelles atteignent jusqu'à 3000m/m, et la température moyenne annuelle est de 10°C.

La forêt toujours verte est la formation dominante. On remarque des arbres de différentes espèces comme les myrtacées et l'olivillo sur la côte. Vers le sud, la présence d'alerces prédomine, on trouve aussi des cyprès des Guaitecas, un autre des conifères importants du bois chilien.

La nalca (Rhubarde chilienne dont on se sert pour faire cuire le curanto).

De l'osier, toujours utilisé pour faire des toitures, des nasses à poissons, etc....

 De magnifiques orchidées....

Dans ce parc, il y a de très belles choses à voir. 
En premier lieu cette fameuse forêt, source de légendes diverses dans la région, et tu comprends pourquoi. Jamais, de toutes les forêts que l'on a visité ,on a été dans une forêt aussi dense, aussi étonnante et même belle.

 Comment décrire la chose. Ici les arbres les plus typiques sont les tepú, et ils poussent d'une manière étonnante, les uns sur les autres, créant une forêt sombre, humide et pleine de passages et cachettes qui font la joie des espèces animales. Le tout est recouvert de végétation luxuriante comme des fougères, donnant un petit côté jungle a l'ensemble.

Le parc touche également en partie la mer et l'on accède à d'immenses plages brumeuses par des plaines et dunes à perte de vue, offrant un spectacle superbe. L'ensemble rappelle un peu les côtes normandes ou écossaises. 

L'océan Pacifique à Chanquin, où la mer écume et les chevaux broutent dans les dunes de sable.